<348>vez à votre fils de Ferney de longues années, pour l'avantage des lettres et la satisfaction de l'ermite de Sans-Souci! Vale.

506. DE VOLTAIRE.

Ferney, 4 février 1775.

Sire, pendant que d'Étallonde Morival vous construit des citadelles sur le papier, et les assiége, pendant qu'il dessine des montagnes, des vallées, des lacs, le vieux malade de Ferney s'est avisé de faire une tragédiea qu'il prend la liberté de mettre aux pieds de V. M. Il vous supplie de ne la pas lire, parce qu'elle n'en vaut pas la peine; mais daignez du moins jeter un petit coup d'œil sur un petit Voyage de la Raison et de la Vérité, et sur une note de la Tactique, dans laquelle l'éditeur a mis je ne sais quoi qui vous regarde.b

Pardonnez-lui sa hardiesse, car il faut bien que Julien-Marc-Aurèle permette de dire ce qu'on pense.

Nous touchons au temps où il faut que l'affaire de d'Étallonde Morival s'éclaircisse; il compte écrire dans quelque temps ou au chancelier de France, ou au roi de France lui-même. V. M. lui permettra-t-elle de prendre le titre de votre ingénieur? J'ose vous assurer qu'il est digne de l'être.


a Don Pèdre. A la suite de cette pièce étaient imprimés l'Éloge historique de la Raison, le morceau De l'Encyclopédie, le Dialogue de Pégase et du Vieillard, et la Tactique. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. IX, p. 365-446; t. XXXIV, p. 323; t. XLVIII, p. 57; et t. XIV, p. 280 et 269.

b Œuvres de Voltaire, t. XIV, p. 277 : « A Rossbach, on vit le roi de Prusse lui-même acheter tout le linge d'un château voisin pour le service de nos blessés; et quand il les eut fait guérir, il les renvoya sur leur parole, en disant : Je ne puis m'accoutumer à verser le sang des Français. »