<349>Permettriez-vous aussi qu'il fût lieutenant au lieu d'être sous-lieutenant? L'honneur de vous appartenir n'est pas une vanité; c'est une gloire qui en impose, et qui peut le faire respecter des Velches.

Il ne fera partir sa lettre qu'après que je l'aurai mise sous vos yeux, et que vous l'aurez approuvée. Vous serez étonné de cette affaire, qui est, comme je vous l'ai déjà dit, cent fois pire que celle des Calas. Vous y verrez un jeune gentilhomme innocent, condamné au supplice des parricides par trois juges de province, dont l'un était un ennemi déclaré, et l'autre un cabaretier, marchand de cochons, autrefois procureur, et qui n'avait jamais fait le métier d'avocat; j'ignore le troisième. Cette épouvantable et absurde velcherie sera démontrée; et si cet écrit simple, modeste et vrai,a est approuvé de V. M., il tiendra lieu de tout ce que nous pourrions demander.

J'attends vos ordres sur cet objet, comme la plus grande faveur qui puisse consoler ma vieillesse et me faire attendre gaîment la mort.

Agréez, Sire, mon respect, mon admiration, mon dévouement, mon regret de finir ma carrière hors de vos États.

507. DU MÊME.

(Ferney) 11 février 1772.

Sire, vous m'accablez des bienfaits les plus flatteurs; Votre Majesté change en beaux jours les dernières misères de ma vie. Elle daigne me promettre son portrait; elle orne une de ses lettres des meilleurs vers qu'elle ait jamais faits depuis le temps où elle disait :


a Le Cri du sang innocent. Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLVIII, p. 123-145.