<427>ment, afin de leur faire enregistrer sans opposition je ne sais quels édits.

Comme vos Français sont possédés de la manie anglicane, ils ont imité, en se laissant corrompre, ce qu'il y a de plus blâmable en Angleterre. Les républicains prétendent avoir le droit de vendre leur voix; mais des juges! mais des gens de justice! mais ceux qui se disent les tuteurs des rois!

Pour nous autres Obotrites, nous sommes, en comparaison de l'Europe, ce qu'est une fourmilière pour le parc de Versailles. Nous accommodons nos petites demeures, nous nous pourvoyons de vivres pour l'hiver, nous travaillons et végétons dans le silence. Ma voisine la fourmi (le bon mylord Marischal, dont vous me demandez des nouvelles) a présentement quatre-vingt-six ans passés;a il lit l'ouvrage du père Sanchez, De Matrimonio,b pour s'amuser; et il se plaint que ce livre réveille en lui des idées qui le tracassent quelquefois. Comme il a quatre années de plus que le protecteur des capucins de Ferney, je me flatte que ce dernier pourrait bien encore nous donner de sa progéniture, pour peu qu'il le voulût, et ce serait une bonne œuvre.c

L'ex-jésuite de Sans-Souci est toujours occupé à recouvrer ses forces, qui ne reviennent que lentement. Il a reçu des remarques sur la Bible, un ouvrage de morale, et un autre sur les lois; il soupçonne d'où ce présent peut lui venir. Ce ne sera qu'après la lecture de ces livres qu'il pourra juger s'il a bien rencontré, ou s'il a mal deviné; et les remercîments s'ensuivront comme de raison.

J'implore tous mes saints, Ignace, Xavier, Lainez, etc., etc., pour qu'ils protégent le protecteur des capucins à Ferney, que leurs saintes prières prolongent ses jours, afin qu'il consomme le bel ouvrage


a Indication inexacte; mylord Marischal était né le 3 décembre 1686. Voyez t. XX, p. XVIII.

b Voyez t. XI, p. 245, et t. XV, p. 166.

c Ces six derniers mots sont tirés des Œuvres posthumes, t. IX, p. 324.