<58>téraires. Vous criez tant pour la paix, qu'il vous conviendrait mieux d'écrire, avec cette noble impertinence qui vous va si bien, contre ceux qui en retardent la conclusion, contre tous ces gens qui sont dans les convulsions et dans le délire. Ce serait un trait singulier dans l'histoire, si l'on écrivait au dix-neuvième siècle que ce fameux Voltaire, qui, de son temps, avait tant écrit contre les libraires, contre les fanatiques et contre le mauvais goût, avait fait, par ses ouvrages, tant de honte aux princes de la guerre qu'ils se faisaient, qu'il les avait obligés à faire la paix, dont il avait dicté les conditions. Entreprenez cette tâche-là; vous vous érigerez un monument que les temps n'effaceront pas. Virgile accompagna Mécène au voyage de Brindes, où Auguste fit sa paix avec Antoine; et Voltaire, sans voyager, dira-t-on, fut le précepteur des rois comme de l'Europe. Je souhaite que l'on puisse ajouter ce trait à votre vie, et que je puisse vous en féliciter bientôt. Adieu.

364. AU MÊME.

Reich-Hennersdorf, 2 juillet 1759.

Votre muse se rit de moi
Quand pour la paix elle m'implore.
Je la désire, je l'honore;
Mais je n'impose point la loi
Au Bien-Aimé, votre grand roi,
A cette Hongroise qu'il adore,
A la Russienne que j'abhorre,
A ce tripot d'ambitieux,
De qui les secrets merveilleux