<93>rite que son oncle pour couvrir ses défauts. On parle de la servante de Molière,a mais personne ne parlera de la nièce de Voltaire.b Pour mes vers et mes rapsodies, je n'y pense pas; j'ai bien ici d'autres affaires, et j'ai fait divorce avec les Muses jusqu'à des temps plus tranquilles.

Au mois de juin, la campagne commencera. Il n'y aura pas là de quoi rire; plutôt de quoi pleurer. Souvenez-vous que Phihihuc est en plein voyage. Si un certain petit duc possédé d'une centaine de légions de démons autrichiens ne se fait promptement exorciser, qu'il craigne le voyageur qui pourrait écrire d'étranges choses à son sublime empereur.

Je ferai la guerre de toute façon à mes ennemis. Ils ne peuvent pas me faire mettre à la Bastille. Après toute la mauvaise volonté qu'ils me témoignent, c'est une bien faible vengeance que celle de les persifler.

On dit qu'on fait de nouvelles cabrioles sur le tombeau de l'abbé Paris.d On dit qu'on brûle à Paris tous les bons livres; qu'on y est plus fou que jamais, non pas d'une joie aimable, mais d'une folie sombre et taciturne. Votre nation est de toutes celles de l'Europe la plus inconséquente; elle a beaucoup d'esprit, mais point de suite dans les idées. Voilà comme elle paraît dans toute son histoire.

Il faut que ce soit un caractère indélébile qui lui est empreint. Il n'y a d'exceptions dans cette longue suite de règnes que quelques années de Louis XIV. Le règne de Henri IV ne fut pas assez tranquille, ni assez long, pour qu'on en puisse faire mention. Durant l'administration de Richelieu, on remarque de la liaison dans les projets, et du nerf dans l'exécution; mais, en vérité, ce sont de bien courtes époques de sagesse pour une aussi longue histoire de folies.


a Elle se nommait Laforêt.

b Voyez ci-dessus, p. 62.

c Voyez t. XV, p. XV, et 159-174.

d Voyez t. I, p. 241; t. X, p. 108; t. XVI, p. 104; t. XIX, p. 179; et t. XXI, p. 386.