<486> lui témoigner l'attachement inviolable, la reconnaissance, l'admiration et le très-profond respect avec lequel je suis, etc.

P. S. Je viens de lire une Profession de foi des théistes qui me paraît adressée à V. M. C'est un fruit des pâques de Ferney.a

50. A D'ALEMBERT.

Le 4 août 1768.

Je vois que votre attachement à la philosophie est supérieur à tout appât de fortune. Vous ne voulez pas vous engager à la cour, fût-ce même en qualité de casuiste chargé de faire les équations algébriques des péchés du souverain et des peines qu'il encourt. Vous préférez votre retraite philosophique au faste des grandeurs; et, plus sage que Platon, aucun Denys ne vous fera abandonner la méditation pour vous livrer au tourbillon des frivolités. C'est ce repos qu'Épicure recommande tant à ses disciples (et dont on fait peu de cas dans votre patrie), et que ce philosophe considérait comme le souverain bien. Il y a ici un certain marquis, fortement imbu de cette doctrine, qui la pousse au point de s'interdire tout mouvement. S'il pouvait vivre sans que son sang circulât, il préférerait cette façon d'être à celle dont il existe actuellement. Pour moi, qui aime à faire plaisir à tout le monde, je me garde bien de le contredire; j'ai même cru, comme Jean-Jacques a réussi à mettre à la mode la doctrine des paradoxes, que je ne ferais pas mal de me ranger du nombre des auteurs qui,


a Profession de foi des théistes, par le comte Da . . . Au R. D. Traduite de l'allemand. 1768. Cet opuscule se trouve dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLIV, p. 112-142.