<663> étude, si ma pauvre tête me le permettait; le calcul intégral et la précession des équinoxes n'ont rien à craindre des chaudronniers. Obligé de renoncer à cette étude paisible, mais fatigante, je m'amuse à écrire l'histoire de l'Académie française, dont j'ai l'honneur d'être le secrétaire, et dans laquelle, pour mon malheur, j'ai à parler d'une foule d'académiciens médiocres, morts depuis le commencement du siècle. Je ne sais si cet ouvrage sera jamais fini, encore moins s'il paraîtra de mon vivant. Si tous ceux dont j'ai à parler ressemblaient à V. M., l'écrivain serait soutenu par sa matière; mais quand je pense que j'ai, d'un côté, de mauvais auteurs à disséquer, et, de l'autre, de plats censeurs à satisfaire, la plume me tombe des mains presque à chaque instant. Continuez, Sire, à tenir la vôtre comme vous tenez votre épée; mais continuez-moi surtout les bontés dont V. M. m'honore, et dont je me flatte de n'être pas tout à fait indigne par la tendre et profonde vénération avec laquelle je suis, etc.

127. A D'ALEMBERT.

27 avril 1773.

Je partage ma lettre entre vous, à qui j'écris, et les commis des bureaux des postes, qui ouvrent les paquets. J'envoie à ces commis deux pièces en versa qui pourront peut-être les scandaliser, ce dont je me soucie fort peu, et amuser les encyclopédistes, ce qui me fera plaisir. Vous verrez par ces pièces, qui peut-être ne seraient pas assez exactes pour soutenir la révision des Vaugelas et des d'Olivet, que les chaudronniers tudesques ne châtrent pas, en Teutonie, les chats qui veulent


a Voyez t. XIII, p. 111-118, et 119-125.