<698>gédie; il me paraît, par le ton sur lequel elle me fait l'honneur de m'en parler, qu'elle attend avec patience l'ouvrage et l'auteur. Elle ne m'a pas paru mécontente du dernier, du moins quant à sa personne, et je crois, Sire, que V. M. penserait de même de la pièce. Je vois avec une sorte de douleur que V. M. est depuis quelque temps peu favorable à la nation française; je conviens qu'elle le mérite à beaucoup d'égards, et personne ne voit mieux que moi les atrocités et les absurdités de toute espèce qui déshonorent ma chère patrie. Mais Dieu avait dit qu'il pardonnerait à Sodome, s'il s'y trouvait seulement dix justes;a et il me semble que la pauvre France n'en est pas encore à ce point d'indigence et de disette. Si le père Bouhours a dit une sottise, il faut la pardonner à ceux qui ne font pas plus de cas que V. M. des jugements et des écrits du père Bouhours.

M. de Villoison me charge de mettre aux pieds de V. M. son profond respect et sa vive reconnaissance. Il attend, ainsi que moi, avec impatience la nouvelle de l'honneur que V. M. veut bien lui faire en l'admettant dans son Académie.

Je suis avec tous les sentiments de respect, de reconnaissance et d'admiration qui ne finiront qu'avec ma vie, etc.

141. A D'ALEMBERT.

Le 28 juillet 1774.

Vous avez deviné juste. Il y a trois semaines que je suis de retour de mes courses, et que je jouis ici de la satisfaction de posséder la


a Voyez ci-dessus, p. 292.