<101>tain qu'il ne nous est resté aucune lettre que Numa lui ait adressée. De même nous ne voyons pas que Platon, qui s'est trouvé à la cour de Denys, ait publié la correspondance où il était avec ce tyran. Aristote ne nous a transmis aucune des épîtres qu'Alexandre lui avait adressées. Les philosophes de nos jours se conduisent donc d'après d'autres principes que les anciens, ce qui doit obliger, dans nos temps modernes, les princes au silence. Sur ce, etc.

193. DE D'ALEMBERT.

Paris, 27 novembre 1777.



Sire,

M. Grimm, à son arrivée à Paris, m'a remis le paquet dont Votre Majesté l'avait chargé pour moi. J'ai lu avec avidité l'excellent écrit qu'il contenait, et je voulais en faire sur-le-champ mes très-humbles remercîments à V. M.; mais j'ai pensé que, ayant eu l'honneur de lui écrire il y a peu de temps, ce serait l'importuner bien souvent de mes lettres, et qu'elle a mieux à faire que de lire fréquemment mes barbouillages. J'ai mieux aimé employer ce temps à lire, à relire et à faire lire à ceux qui en sont dignes un ouvrage si digne lui-même de V. M., si plein des plus excellents principes de gouvernement, écrit avec tant de raison, d'esprit et d'élégance, et dont V. M. prouve combien les préceptes sont sages, par le soin et les succès avec lesquels elle les pratique. Votre conduite, Sire, et l'exemple que vous donnez aux autres souverains, sont encore supérieurs aux sages et utiles leçons qu'ils peuvent puiser dans vos écrits. Puissiez-vous donner encore longtemps l'exemple et le précepte!