<286> estimable, intitulé Les lacunes de la philosophie, qu'il a eu l'honneur d'envoyer il y a quelque temps à V. M., sans se faire connaître à elle, désire avoir celui de vous présenter cette lettre et de mettre en même temps à vos pieds son respectueux hommage. Il s'est chargé d'instruire en détail V. M. de mon triste état, qui est toujours à peu près le même. Puisse la destinée accorder à V. M. le bonheur et la santé qu'elle me refuse!

Je suis avec la plus profonde et la plus tendre vénération, etc.

271. A D'ALEMBERT.

Le 22 juillet 1783.

Il est très-fâcheux de se trouver assujetti à la férule des médecins, et de se rendre l'esclave de leurs idées fantasques. Pour éviter ce joug, il faut se donner la connaissance de leur art; qui sait les contrôler ne devient pas le jouet de leur ignorance. Vous savez que de tout temps j'ai été le très-humble admirateur de la nation française; néanmoins, quelque prévenu que je sois en sa faveur, j'ose soupçonner votre avorton d'Hippocrate de se déterminer avec légèreté ou avec ignorance pour les remèdes qu'il vous prescrit. Il s'est mépris dans son jugement; il a confondu des maladies entièrement différentes par leurs symptômes. La gravelle diffère autant des hémorroïdes que les autruches des pigeons. J'admire l'indulgence avec laquelle vous continuez à confier votre santé et votre vie aux mains de ce charlatan. Veuille le ciel que vous n'en deveniez pas la victime!

Dans nos climats septentrionaux, les hémorroïdes sont très-com-