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5. AU MÊME.

Breslau, 31 janvier 1762.

Vous pouvez aisément vous représenter l'extrême satisfaction que j'ai ressentie en voyant ce que votre dépêche du 27 de ce mois vient de m'apprendre. Tout ce qui est le plus pressant à faire, c'est que vous écriviez au sieur Gudowitscha une lettre très-polie et flatteuse, pour l'inviter de ma part à venir me voir ici. Vous le sonderez en même temps s'il aimera, en arrivant ici, de garder l'incognito, ou s'il croit pouvoir se passer de tout mystère, ce dont il faut que vous me préveniez, avant son départ, par un courrier qui le devancera au moins d'un jour. Reposez-vous sur moi de tout le reste, et soyez persuadé que je ne gâterai rien aux affaires pendant de si belles apparences, après que j'aurai parlé à notre homme pour voir au fond de sa boutique. Le temps ne me permet pas de m'expliquer plus amplement à présent envers vous, par plusieurs arrangements que je prends préalablement, qui doivent servir au succès de cette affaire importante. Faites mille compliments à M. Mitchell, et assurez-le de toute ma reconnaissance des sentiments qu'il continue à me donner de son amitié. Il y a une chose dont vous l'avertirez de ma part : c'est de vouloir bien avertir le sieur Keithb de ne pas trop se roidir contre le nouvel empereur dans ses vues qu'il fait remarquer contre les Danois. Vous savez qu'il n'y a rien de plus pressé que de nous réconcilier promptement avec la Russie, pour nous retirer du bord du précipice. Si le sieur Keith s'opposait trop dans ce moment aux vues de l'Empereur à cet égard, on le révolterait, et l'on risquerait de l'aigrir et de gâter tout dès le commencement, et nos ennemis en profiteraient pour l'entraîner dans leur parti en lui promettant tout. Il y a


a Voyez t. V, p. 175; t. XVII, p. XII, 405 et 406; et t. XIX, p. 329.

b Voyez t. V, p. 175.