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9. AU BARON DE GRIMM.

Potsdam, 19 février 1782.

Lorsque je m'adresse à M. de la Grimmalière, colonel des gardes Preobrashenskii de S. M. l'impératrice de toutes les Russies, je crois être sûr de prouver la définition de ce titre-là, tant par acte public que par ses patentes; mais je n'entends point le titre de souffre-douleur, ni la traduction d'un mot russe que je ne comprends pas, par conséquent auquel je pourrais donner un sens qui ne serait pas clair. Pour le titre de plastron, il me semble ne convenir nullement à M. le baron, si ce n'est qu'on pourrait dire que quiconque a la protection de M. le colonel peut la considérer comme l'égide de Minerve, qui rend invulnérables ceux qui la possèdent. Vous me permettrez donc de remplacer un plastron par une égide, et de vous regarder comme celui qui protége M. le duc de Saxe-Gotha en France, qui a protégé les jeunes Romanzow contre les séductions de la jeunesse, et qui, en quelque façon, peut être comparé à ces cardinaux protecteurs de la France et de l'Allemagne à Rome; ainsi et de même il protége les intérêts de la grande Catherine dans l'empire des Gaules. M. de la Grimmalière aura la bonté de voir, par ce que je viens de lui exposer, combien je suis éloigné de vouloir lui lancer des traits, et combien je me recommande à sa puissante protection. Je lui aurais répondu sans doute plus tôt, si je n'avais été accablé d'une douzaine de maladies à la fois, qui m'ont privé de la faculté de tous mes membres. J'ai été très-fâché de le savoir si près de mes frontières, et d'avoir été privé de sa vue béatifique; l'Arioste dit que les montagnes tiennent ferme à leur racine, mais que les hommes peuvent se rencontrer,a de sorte


a

Dice il proverbio, che a trovar si vanno
Gli uomini spesso, e i montifermi stanno,

Roland furieux

, chant XXIII, stance 1.