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DU BARON DE LA MOTTE FOUQUÉ.

Elseneur, 11 juin 1740.



Sire,

Je suis trop sensible au coup que la Providence vient de frapper, et Votre Majesté y est trop intéressée, pour que je n'en aie de pareils sentiments.

Je puis me flatter que V. M. connaît mon cœur; j'ose donc aussi me persuader qu'elle est convaincue de la sincérité de ma joie à l'ouïe de son heureux avénement à la couronne. Ces sentiments, Sire, sont dus aux éminentes qualités de V. M.; mais je les dois en particulier à la reconnaissance, et ne perdrai jamais de vue les grâces dont elle m'a comblé.

Veuille l'Etre tout-puissant fortifier le règne de V. M., le rendre parfaitement heureux et de longue durée! J'ai sur ce point, Sire, le consentement de vos armées, de vos fidèles sujets et serviteurs.

Je n'ai point perdu le désir de mériter les grâces de V. M., et mes actions, si l'occasion s'en présente, le prouveront plus fortement que mes paroles. Ma vie lui est dévouée depuis longtemps, et ma principale gloire consiste dans le désir de la sacrifier pour le service de V. M.

Je suis avec un amour et une fidélité inviolable, et un très-profond respect,



Sire,

de Votre Majesté
le très-humble, très-obéissant et très-fidèle
serviteur,
La Motte Fouqué.