<290>Vous jugez bien que ce n'est pas nous qui l'avons fait fuir; il faut donc que les nouvelles de la Turquie aient donné lieu à cet événement, qui assurément n'est point dans l'ordre naturel des choses. Peut-être vous apercevrez-vous bientôt de quelque chose d'approchant en Saxe.

131. AU MÊME.

Péterswaldau, 9 septembre 1762.



Mon cher frère,

Notre siége avance de façon qu'il doit finir bientôt; il le serait déjà, si de certains empêchements n'avaient retardé les travaux, comme, par exemple, des sources d'eau qui ont obligé les mineurs à faire de nouveaux rameaux, ce qui nous a fait perdre deux jours. Mais je puis vous dire à présent avec certitude que j'espère de vous dépêcher le 12 un courrier avec la nouvelle de la reddition de la place.a Le maréchal Daun est toujours à Scharfeneck, Loudon à Wüstengiersdorf, et Beck à Wartha.

Notre neveu est allé aujourd'hui assister à un fourrage. Il commence à s'éveiller; mais nous ne sommes que des pygmées en comparaison de lui. Imaginez-vous le prince François, mais plus grand encore; voilà comme il est à présent.


a Le 10 septembre 1762, Frédéric écrivit au bas d'un ordre de Cabinet adressé au major Lefebvre, qui faisait les fonctions d'ingénieur en chef au siége de Schweidnitz : « Le 12 sera, selon toutes les apparences, la fin de vos travaux; ce sont deux jours; ils s'écouleront comme les précédents, et vous vous verrez couronné de gloire, le fier Gribeauval à vos genoux, et le bruit de votre gloire retentira jusqu'à Paris, Madrid, Lisbonne et Rome. » Schweidnitz ne capitula que le 9 octobre. Simon Lefebvre, lieutenant-colonel du génie et membre de l'Académie des sciences de Berlin, mourut à Neisse en 1771. Voyez t. V, p. 229 et 230, et t. XIII, p. 61. Voyez aussi les Souvenirs d'un citoyen (par Formey), t. II, p. 142 et suivantes.