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223. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

(Sans-Souci, 1er septembre 1750.)

O toi que j'ai chéri dès ma tendre jeunesse!
Frère dont les vertus augmentent ma tendresse,
Toi que le ciel forma pour régner sur les cœurs,
Reçois ce triste adieu que je baigne de pleurs.
Séjour de Sans-Souci, pour moi si plein de charmes,
Je ne retrouve en toi que des sujets de larmes;
Ton dieu, ton créateur, éloigné de ton sein,a
Ne t'illumine plus par son esprit divin.
Pour apaiser mes maux Bacchus en vain s'empresse,
En vain j'ai mon recours à l'immortel Lucrèce;
Je sens que le plaisir me paraîtra souci,
Loin du cher Philosophe de Sans-Souci.

Ce ne sont point les dieux, mais le cœur qui les dicte.

224. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 25 novembre 1750.



Ma très-chère sœur,

Je vous prie de recevoir ces pierres jaunes qu'on m'a dit que vous aimiez. J'espère, ma chère sœur, qu'elles pourront trouver place dans la garniture que vous en formez. Oserais-je vous prier de faire mille assurances d'amitié de ma part au Margrave, et d'être persuadée


a Frédéric partit de Berlin le 1er septembre pour faire sa tournée militaire à Cüstrin, Glogau, Breslau, Brieg, Neisse, Glatz, Schweidnitz et Liegnitz. Il était de retour le 21.