<236> bontés, toutes les maximes des philosophes, et la puissance de Dieu même, ne sauraient empêcher que ce qui est arrivé ne soit arrivé. Il est toujours bien doux pour moi de trouver dans votre compassion et dans votre sensibilité un soulagement que je ne puis espérer ici de presque personne. Je vous l'avoue, ma chère sœur, la plupart du monde, insensible ou indifférent, trouve l'amitié et les regrets ridicules; cela oblige à des contraintes qui sont d'autant plus insupportables, qu'on s'en fait quelques reproches à soi-même. J'étudie beaucoup, et cela me soulage réellement; mais lorsque mon esprit fait des retours sur les temps passés, alors les plaies du cœur se rouvrent, et je regrette inutilement les pertes que j'ai faites. Je souhaite de tout mon cœur que votre santé s'affermisse; ce serait pour m'achever de vous perdre après tant d'afflictions que j'ai essuyées. Ah! ma chère sœur, pensez à ceux qui vous aiment bien tendrement, et ménagez-vous, si ce n'est pas pour vous-même, du moins pour un frère qui est avec toute l'amitié et l'attachement possible, ma très-chère sœur, etc.

238. A LA MÊME.

Ce 26 (février 1752).



Ma très-chère sœur,

Vous avez très-bien deviné que le margrave de Schwedt n'en mourrait pas; il a fait venir son frère, et l'a reçu en polisson, avec cette éloquence grossière que vous lui connaissez.

Dites-moi, ma chère sœur, par quelle raison le margrave d'Ansbach s'empresse-t-il si fort de renouveler avec moi de vieux pactes de famille? Il a envoyé ici une espèce d'imbécile, son ministre de