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293. A LA MÊME.

Ce 25 (avril 1755).



Ma très-chère sœur,

Un accès de goutte épouvantable que j'ai eu dans les deux jambes à la fois m'a empêché quinze jours de vous écrire. Je vous dois trois lettres, et je ne sais comment vous payer. La dernière que j'ai reçue est de Marseille, du 3 d'avril. Je souhaite que vous poursuiviez heureusement votre voyage, et que vous trouviez partout de quoi vous amuser, surtout que l'exercice soit aussi salutaire à votre santé que je le désire. Pour moi, qui suis perclus de la moitié de mes membres, je ne puis faire que des vœux pour votre personne. Je m'amuse à faire un opéra des Frères ennemis.a Avec votre permission, Stefanino chantera cet hiver chez nous, et je lui fais une belle partie. Voilà, ma chère sœur, les misères auxquelles peut s'occuper un pauvre malade. Je manque encore si fort de forces, que, malgré l'envie que j'ai de m'entretenir avec vous, je n'en puis dire davantage, vous priant d'être persuadée de la tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je suis, ma très-chère sœur, etc.

294. A LA MÊME.

Ce 11 (mai 1755).



Ma très-chère sœur,

J'ai eu la satisfaction de recevoir aujourd'hui deux de vos chères lettres, l'une datée de San-Remo, et l'autre de Gênes. Je ne m'étonne


a D'après Racine.