<303> sacré collége n'habiteraient que les ruines du Campo-Vaccino, que leurs églises seraient couvertes de chaume, et qu'une vielle et peut-être une mauvaise saquebutea seraient les seuls instruments qui retentiraient les jours de fête. Je vous rends grâce des marbres et des belles choses que vous m'indiquez là-bas; la difficulté est de trouver un commissionnaire éclairé qui ne soit pas la dupe de la sagacité italienne. Quant aux marbres, c'est la guerre des Barbaresques qui en rend le transport très-difficile et coûteux; on en paye le double qu'ordinairement. Si j'avais à désirer des marbres là-bas, ce ne serait pas du porphyre,b ce serait du jalc antique ou du jalc de Capoue, qui est presque aussi beau; le porphyre est trop dur à travailler, et ne prend jamais un beau poli. Pour les tableaux, les Italiens vendent tant de postichi, que si l'on n'est pas un très-bon connaisseur, on y est trompé, sans quoi il y a longtemps que j'aurais donné commission de me faire venir des Guides, des Titiens et des Solimènes pour ma galerie; mais la crainte d'être trompé m'a arrêté jusqu'à présent.

J'ai été en Hollande,d où je n'ai vu que des colifichets; je me suis débité musicien du roi de Pologne, et j'ai été inconnu pendant tout mon voyage. Il m'est arrivé des aventures assez plaisantes, que je réserve pour vous amuser la première fois que j'aurai le bonheur de vous revoir. Je fais des vœux que ce soit bientôt, vous assurant, ma chère sœur, qu'on ne peut être avec une plus parfaite tendresse que je suis, etc.


a La saquebute était un ancien instrument à vent analogue à celui que nous appelons trombone.

b Les mots du porphyre manquent dans l'autographe.

c Au lieu de j'ai, il faut probablement lire jade.

d Voyez t. XX, p. 66; t. XXIV, p. I et II; et t. XXVI, p. 357.