<330> si haut à présent. Je me moque de la diète et de toutes ses résolutions; peut-être que je lui en ferai prendre, en temps et lieu, auxquelles elle ne s'attend pas à présent. On verra, ce printemps, ce qu'est la Prusse, et que par notre force, surtout par notre discipline, nous viendrons à bout du nombre des Autrichiens, de l'impétuosité des Français, de la férocité des Russes, des grands corps des Hongrois, et de tous ceux qui nous seront opposés. Il faut voir à présent quelle armée tombera en partage au prince Charles, les dispositions qu'ils feront en Bohême, le temps qu'ils voudront se mettre en mouvement, et, passé cela, je vois arriver le moment où l'on fera taire le caquet impertinent de toute cette canaille, tant française qu'autrichienne. Pardonnez-moi ce terme; il y a des moments où la patience s'échappe, et je crois qu'ils ne me donnent pas, à Schönbrunn, des titres plus nobles que ceux-là. Mon frère Ferdinand est de retour de Berlin; il m'a dit que notre chère mère a une grosse toux, ce qui m'inquiète beaucoup, vu son grand âge. Veuille le ciel nous la conserver encore longues années! Je donnerais volontiers ma vie pour prolonger ses jours. Ma moricaude voisine est aussi malade; tout le château est d'une humeur de chien, ce qui me fait présumer qu'ils ont reçu quelque mauvaise nouvelle. Je ne m'en embarrasse guère; pourvu que j'apprenne, ma chère sœur, de bonnes nouvelles de votre santé, et que vous me promettiez de ne vous point inquiéter le printemps prochain, je serai content, vous priant de me croire avec la plus vive tendresse, ma très-chère sœur, etc.