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11. DE LA PRINCESSE ROYALE DE SUÈDE.

Friedrichshof, 23 juin 1747.



Mon très-cher frère,

J'ai eu la satisfaction, à l'arrivée du major Schechta, de recevoir la lettre du monde la plus gracieuse de votre part. Je sens, comme je le dois, tout le prix de vos bontés, et j'espère que vous serez persuadé, mon cher frère, qu'il n'y a point de bornes à ma reconnaissance. Le Prince royal m'ordonne de vous assurer des mêmes sentiments, et combien il a été sensible à l'obligeante attention que vous avez eue de renvoyer M. Schechta. Je suis chargée de vous assurer, mon cher frère, qu'il n'en abusera pas, et que, à la conclusion de la diète, il le renverra où son devoir l'appelle. Ce serait le récompenser très-mal que de le priver de l'avantage de servir un aussi grand prince, qui fait le bonheur et les délices de ses sujets. Tout va assez tranquillement ici, quoique le monstre du Nord veuille encore faire semblant de vouloir jeter un nouveau venin; mais on ne le craint guère. La diète continuera encore deux mois, ou trois au plus tard. Les procès des criminels en sont pour la plus grande partie cause. Blackwell a été jugé à perdre la tête; pour l'autre, il entraînera, à ce que je crois, de nouveaux criminels. Je me suis absentée de la ville pour quelque temps, la santé du Prince royal, qui était extrêmement incommodé de coliques, l'obligeant à prendre les eaux; je les prends aussi, pour lui tenir compagnie. On m'a défendu extrêmement d'écrire; mais je n'ai pu cependant me priver de l'avantage de me mettre à vos pieds, et de vous assurer qu'on ne saurait être avec une tendresse et un attachement plus parfait que je le suis, mon très-cher frère, etc.