<456> que la paix sera bonne, et je lâcherai d'y contribuer de mon mieux. Vos prophètes soufflent le froid et le chaud; ils se tirent d'embarras par des estrapades, comme le font tous les imposteurs. Les barbares sont en Pologne, et Loudon me donne encore quelque occupation. Je lui oppose Fouqué, qui m'en tiendra compte. Enfin, après l'état désespéré où ont été nos affaires, nous revenons sur l'eau, et, malgré toute l'Europe liguée, nous nous retrouverons précisément dans l'état où nous avons été l'hiver passé; c'était tout ce que nous pouvions espérer. Ma faiblesse m'empêche de vous en dire davantage. J'ai encore peine à écrire, et il faut, malgré moi, me borner à vous assurer de la tendresse infinie avec laquelle je suis, ma chère sœur, etc.

21. A LA MÊME.

Strehlen, 3 mai (1761).



Ma chère sœur,

Votre lettre m'a servi de julep pour me fortifier contre les périls qui m'environnent. Je suis fâché de vous savoir la fièvre. Je me flatte que ce ne sera qu'une atteinte légère d'un mal passager, qui affermira votre santé. Demain nous passons l'Elbe et marchons pour Görlitz, où nous serons le 8, pour être le 13 vis-à-vis de Loudon, dans la Silésie. Veuille le ciel que notre âme exaltée ait découvert les événements futurs! Veuille le ciel que cette paix tant désirée arrive, quand ce ne serait qu'au beau milieu de l'été! Peut-être, ce mois, recevrai-je encore de vos nouvelles. Si les Russes s'en mêlent, notre correspondance sera interceptée dès le commencement de juillet. Dieu nous soit propice! J'ai pris congé de mon frère Henri; il