<86> oisif; je réglerai cependant mes heures de manière que je ne perdrai pas tout, en donnant quelque chose aux respects, à la cohue et à mes amis.

Voudriez-vous bien faire mille amitiés de ma part au Margrave? Vous priant, ma très-chère sœur, de ne jamais douter des sentiments de tendresse, d'estime et de considération avec lesquels je suis, etc.

74. A LA MÊME.

Berlin, 26 février 1740.



Ma très-chère sœur,

J'espère que votre santé se raffermira de jour en jour, et que j'apprendrai sans cesse de meilleures nouvelles de votre part. Je ne puis guère vous en donner de bonnes d'ici, et, selon toutes les apparences, vous ne reverrez jamais le Roi. Ses accidents ont empiré avec tant de rapidité, que je doute qu'il passe la semaine qui vient. Il vous a donné sa bénédiction, et a très-bien parlé de vous. Pour à présent, sa fièvre est si véhémente, qu'il ne peut guère parler, et que nous avons tout lieu de craindre une inflammation dans le bas-ventre. Tenez-vous tranquillement, et ne vous chagrinez pas trop, car aux choses faites il n'y a point de remède. Le meilleur est de prendre son parti lorsqu'on ne saurait faire autrement, et de souffrir ce qu'on ne saurait changer. Nous sommes ici dans une situation qu'il vous est facile de comprendre. Vous jugez bien de nos inquiétudes et de nos angoisses. Préparez-vous donc, ma très-chère sœur, à une nouvelle qui ne tardera guère d'arriver. Vous priant d'avoir soin de votre