2. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Berlin, 6 mars 1732.



Ma très-chère sœur,

Lundi prochain seront mes promesses, qui se feront tout comme les vôtres. La personne n'est ni belle ni laide, ne manquant pas d'esprit, mais fort mal élevée, timide, et manquant beaucoup aux manières du savoir-vivre : voilà le portrait naturel de cette princesse. Vous pouvez juger par là, ma très-chère sœur, si je la trouve à mon gré, ou non. Le plus grand mérite qu'elle a, c'est qu'elle m'a procuré la liberté de vous écrire, qui m'est l'unique soulagement que j'aie dans votre absence. Vous ne pouvez jamais croire, mon adorable sœur, combien de vœux je fais pour votre bonheur; tous mes souhaits y aboutissent, et tous les moments de ma vie je forme de ces souhaits. Vous pouvez voir par là que je vous conserve toujours cette amitié sincère dont nos cœurs ont été liés depuis leur plus tendre jeunesse;<5> du moins reconnaissez, ma chère sœur, que vous m'avez fait un sensible tort en m'accusant de légèreté envers vous, et en croyant de faux rapports que l'on vous avait faits de ma crédulité, moi qui n'aime que vous, et que ni absence ni faux rapports ne pourraient faire changer. Du moins ne croyez plus rien de tel sur mon sujet, et ne vous méfiez pas plus tôt de moi que vous n'ayez eu des preuves éclatantes, auparavant, que le bon Dieu m'ait abandonné et que la tête me tourne; et étant persuadé que de tels malheurs ne viendront pas m'accabler, je vous réitère ici combien je vous aime, et avec quel respect et vénération sincère je suis et serai jusqu'au tombeau,



Ma très-chère sœur,

Votre très-humble et très-fidèle
frère et valet,
Frideric.