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119. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Brand.,1_123-a 9 juin 1742.



Mon très-cher frère,

Votre gracieuse lettre a fait sur moi l'effet ordinaire, et m'a causé toute la joie imaginable, surtout de vous savoir en bonne santé. J'ai donné, ces jours passés, un bal pour célébrer votre heureuse victoire. Nous avons bu à la santé de notre aimable vainqueur, au bruit du canon de notre petite flotte. Il faut vous contenter de ces petites marques d'attachement pour vous, n'en pouvant donner de plus grandes. Le Margrave aura lui-même l'honneur de vous répondre au sujet des recrues que vous souhaitez, mon très-cher frère. Il en a envoyé cent vingt à Halle; mais n'ayant reçu aucune nouvelle s'ils vous avaient été agréables et s'ils avaient été approuvés, il a cessé de recruter. Je suis cependant persuadée qu'il fera tout ce qu'il pourra pour vous faire plaisir et remettre son régiment en ordre. La duchesse de Würtemberg est partie avant-hier à notre grand regret, étant d'une agréable société.1_123-b On dit que l'Empereur sera dans quinze jours à Nuremberg. Nous retournerons vers ce temps à Erlangen, et de là nous irons voir ma sœur d'Ansbach et la Duchesse, qui sera au Wildbad; toute cette année est une demi-campagne pour<124> moi, n'ayant été, de tout ce temps, tout au plus que quinze jours à une place. Je me recommande encore à votre précieux souvenir, et suis avec un très-profond respect, mon très-cher frère, etc.


1_123-a Brandenbourger, maison de plaisance située dans le faubourg Saint-George, à Baireuth. Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 30, 189, 226, 245, 250; et, ci-dessous, la lettre de Frédéric, du 11 février 1753.

1_123-b La Margrave dit dans ses Mémoires, t. II, p. 324 et 325, en parlant de cette visite : « La duchesse de Würtemberg arriva dans ce temps. L'accord avait été réglé à Berlin pour le mariage de nos enfants. Cette alliance m'obligea malgré moi de me lier avec cette princesse. Je dis malgré moi, car cette femme était si décriée, qu'on n'en parlait que comme d'une Laïs. La Duchesse a du jargon et un esprit tourné à la bagatelle, qui amuse quelque temps, mais qui ennuie à la longue; elle se livre presque toujours à une gaîté immodérée; sa principale étude étant celle de plaire, tous ses soins ne tendent qu'à ce but; agaceries, façons enfantines, coups d'œil, enfin tout ce qui s'appelle coquetterie est mis en usage pour cet effet, etc. » Voyez notre t. XVII, p. 197.