209. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 7 juin 1748.



Mon très-cher frère,

L'aimable Biche vient d'écrire à Folichon. Que n'ai-je pas ressenti à la lecture de cette lettre! Cet aimable animal l'assure que vous pensez souvent à moi, que mon absence vous fait de la peine, et enfin, que vous me conservez toujours cette précieuse amitié qui, de tout temps, a fait le bonheur de ma vie. Elle accompagne tout cela de la plus fine galanterie, par les marques de souvenir qu'elle envoie à son cher Folichon. En vérité, mon cher frère, croiriez-vous bien que je préfère les lettres de Biche à toutes les épîtres de Cicéron, à toutes<207> nos plus belles pièces d'éloquence, et enfin que je prends plus de plaisir à les lire que tous nos auteurs anciens et modernes? La raison en est simple : elles me parlent de vous et des sentiments que vous avez pour moi, et font couler dans mon cœur cette douce satisfaction qui seule peut nous rendre heureux. En effet, je fais consister notre félicité dans cette vie à recevoir le réciproque des personnes qu'on aime. Le moindre petit retour, mon très-cher frère, de votre part me suffit. Conservez-moi, je vous supplie, ces précieuses bontés, et soyez persuadé que ma tendresse, l'attachement et le respect que j'ai pour vous ne finiront qu'avec ma vie, étant, mon très-cher frère, etc.