265. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Ce 7 (juillet 1753).



Ma très-chère sœur,

Jugez de la joie que j'ai de voir votre santé qui se rétablit; c'est de toutes les nouvelles la plus agréable que je puisse apprendre; ainsi donc, j'aurai la consolation de vous revoir, ma chère sœur, en bonne santé.

J'ai vu la lettre de Voltaire et de la Denis; ils mentent tous les deux, et n'accusent pas juste. Leur aventure est bien différente qu'ils la disent; mais, malgré tous leurs torts, j'ai donné, il y a quinze jours, des ordres pour les laisser partir.1_266-a Vous ne sauriez croire, ma chère sœur, jusqu'à quel point ces gens jouent la comédie; toutes ces convulsions, ces maladies, ces désespoirs, tout cela n'est qu'un jeu. J'en ai été la dupe dans le commencement, mais plus à la fin. Voltaire<267> n'ose pas retourner en France; il ira en Suisse, et errera de pays en pays. Pour moi, je ne suis point sensible au mal qu'il prétend me faire, niais je l'ai empêché de m'en faire davantage, et, par cette raison, je lui ai fait rendre mes vers et toutes les lettres que je lui ai écrites. Je vous embrasse mille fois, ma très-chère sœur, en vous conjurant de ne jamais douter de la tendre amitié avec laquelle je suis, etc.


1_266-a Voyez t. XXII, p. 355 et 356, no 330.