<298> vrai pour la plupart du temps. Comme la bataille était résolue, je me proposais d'attaquer l'ennemi, parce que ce parti est toujours le meilleur. On ne savait pas où les Autrichiens étaient campés. J'étais sur le point de marcher vers Swoyschitz, lorsque je vis que l'armée autrichienne se déployait, et commençait à occuper ce poste. Ceci m'obligea de changer ma disposition, puisqu'une chaîne d'étangs et des défilés nous empêchaient de les attaquer dans ce camp. Nous marchâmes vers Planian; notre droite vint à Kaurzim, et notre gauche sur des hauteurs au delà du grand chemin qui de Böhmisch-Brod mène à Kolin. Le lendemain, nous marchâmes pour attaquer l'ennemi. Voici ma disposition et les raisons que j'eus de la faire telle. Les hauteurs que l'ennemi occupait formaient un angle; sa droite était sur des collines, mais elle n'était point appuyée; le centre se brisait, et la gauche formait la perpendiculaire dont la droite était la base, et le centre l'angle; devant la gauche et derrière l'armée se trouvait une chaîne d'étangs; le front du poste aussi bien que les hauteurs étaient bordés d'une grande quantité d'artillerie. Sur cela, je me disposais à faire mon effort principal avec la gauche, de refuser ma droite,a de prendre l'ennemi en flanc par les hauteurs qui sont vers Kolin, et de le pousser vers tous ces défilés qu'il avait à dos et dans son flanc gauche. Cette manœuvre lui rendait une partie de son armée inutile. Si elle avait été exécutée, son canon ne m'aurait pas fait grand mal, parce qu'il ne pouvait agir que contre une section de mes troupes; et s'il avait été poussé vers ces étangs, son infanterie était en grande partie obligée de mettre les armes bas. Je n'ai d'autre reproche à me faire que de ne m'être pas porté à l'extrémité de notre gauche pour reconnaître ce terrain, qui se trouva plus étendu qu'on ne l'avait décrit. Mon malheur voulut que dans un clin d'œil toute mon infanterie s'engageât contre mes ordres avec l'ennemi, que ma


a Frédéric dit dans les Principes généraux de la guerre, art. XXV, no 7 : « C'est dans ces occasions que mon ordre de bataille oblique peut être employé très-utilement, etc. »