<173> guerre sont une suite d'une longue méditation, beaucoup d'art dans leur tactique, une circonspection extrême dans le choix de leurs camps, une grande connaissance du terrain, des dispositions soutenues, et une sagesse à ne rien entreprendre qu'avec une certitude aussi grande de réussir que la guerre permet de l'avoir. Ne jamais se laisser forcer à se battre malgré soi, voilà la première maxime de tout général, et dont leur système est une suite; de là la recherche des camps forts, des hauteurs, des montagnes. Les Autrichiens n'ont rien qui leur soit particulier dans le choix des postes, sinon qu'on ne les trouve presque jamais dans une mauvaise situation, et qu'ils ont une attention essentielle à se placer sans cesse dans des terrains inattaquables. Leurs flancs sont constamment appuyés à des ravins, des précipices, des marais, des rivières ou des villes. Mais où ils se distinguent le plus des anciens, c'est dans l'ordonnance qu'ils donnent à leurs troupes, comme je viens de le dire, pour tirer parti de tous les avantages du terrain. Ils ont un soin extrême de placer chaque arme dans le lieu qui lui est propre; ils ajoutent la ruse à tant d'art, et vous présentent souvent des corps de cavalerie, pour séduire le général qui leur est opposé à faire de fausses dispositions. Je me suis cependant aperçu dans plus d'une occasion que, toutes les fois qu'ils rangent leur cavalerie en ligne contiguë, ce n'est pas leur intention de la faire combattre, et qu'ils ne s'en veulent servir effectivement que lorsqu'ils la forment en échiquier. Remarquez encore, s'il vous plaît, que si vous faites charger cette cavalerie au commencement de l'action, la vôtre, qui la battra sûrement, donnera, pour peu qu'elle la poursuive, dans une embuscade d'infanterie où elle sera détruite; et il s'ensuit que, en attaquant cet ennemi dans un poste, il faut refuser sa cavalerie du commencement, ne se point laisser séduire par de fausses apparences, ne point exposer les hommes de cheval, soit au feu des petites armes, soit à celui du canon, qui leur fait perdre leur première ardeur, et ménager cette troupe pour réparer le com-