<79>d'avancer, si leur cavalerie est victorieuse ou battue, et ce qu'ils pourront entreprendre. Dans ces sortes d'occasions, il faut qu'un chacun prenne son parti et agisse de lui-même, sans attendre les ordres du général en chef.

Pour moi, je n'attaquerais jamais au milieu de la nuit, parce que l'obscurité entraîne le désordre, et que beaucoup de soldats ne font leur devoir que lorsqu'ils sont vus et qu'ils craignent la punition. Sur l'île de Rügen, en 1715, Charles XII attaqua de nuit le prince d'Anhalt, qui ne venait que d'y débarquer. Le roi de Suède avait raison de le faire, car il voulait cacher sa faiblesse, qui aurait été découverte de jour; il n'avait que quatre mille hommes, il en attaqua vingt mille, et fut battu.a

3. ATTAQUES DE RETRANCHEMENTS.

Si vous êtes obligé d'attaquer un ennemi retranché, faites-le d'abord, et ne lui donnez pas le temps de perfectionner son ouvrage, car ce qui était bon le premier jour devient souvent mauvais le second. Avant que d'attaquer, reconnaissez vous-même le poste de l'ennemi. Votre première disposition, qui roule sur le choix de l'attaque, facilite votre succès ou le rend difficile. La plupart des retranchements se prennent parce qu'ils ne sont pas assez bien appuyés; celui de Turin se prit du côté de la Doire, où le prince d'Anhalt eut assez de terrain pour le tourner, et celui de Malplaquet, par le bois qui était à la gauche de Villars, par lequel on le tourna. Si l'on s'était d'abord avisé de cette attaque, cela aurait épargné la vie à à peu près quinze mille hommes des alliés. Si le retranchement s'appuie à une


a La traduction ajoute, p. 143 et 144 : Die grosse Regel vom Kriege in allem was man Treffen, Bataillen oder Action nennet, ist, dass man seine Flanquen und seinen Rücken versichere und dass man dem Feind die Flanque abgewinne : dieses geschiehet durch verschiedentliche Mittel; inzwischen läuft alles auf eins hinaus.