<127> le fit occuper par l'armée, et il se proposa de tenir, autant qu'il le pourrait, la ligne du milieu entre l'armée des Autrichiens et celle des Russes, pour s'opposer à leur jonction; il prit aussi la résolution de se battre contre les Autrichiens, s'il s'en présentait une occasion favorable, mais d'observer une défensive scrupuleuse envers les Russes, parce que, s'il remportait une victoire contre les Autrichiens, les Russes s'enfuiraient d'eux-mêmes, et que, s'il avait le même avantage contre les Russes, cela n'empêcherait pas M. de Loudon de continuer les opérations de sa campagne. Les Autrichiens sont les ennemis naturels et irréconciliables des Prussiens, au lieu que des conjonctures avaient rendu les Russes tels, et que quelque changement ou quelque révolution pouvait les rendre amis, ou alliés même; et ajoutons à ces considérations, pour être de bonne foi, que l'armée prussienne ne se trouvait pas en état de se battre tous les jours, et que le Roi était obligé de ménager les efforts de ses troupes pour les moments les plus importants et les plus décisifs.

Il n'y avait que peu de jours que le Roi était au camp de Pülzen, lorsque M. Loudon déboucha des montagnes, vis-à-vis des Prussiens, par la gorge de Steinkunzendorf. Cette manœuvre malhabile et grossière découvrit tous ses desseins, et il semblait déclarer ouvertement qu'il en voulait à la forteresse de Neisse. L'armée du Roi partit dès le lendemain, et occupa les hauteurs de Siegroth; et comme on avait vu que les Autrichiens prenaient le chemin de Frankenstein, on résolut, pour les prévenir, de gagner avant eux les hauteurs de Munsterberg. En faisant cette marche, on trouva, le lendemain, M. Brentano posté entre Frankenstein et Heinrichau, d'où il avait jeté quelques pandours dans Munsterberg. Les volontaires de Courbièrea et les grenadiers de Nimschöffsky forcèrent la ville, et M. de


a Guillaume-René de l'Homme de Courbière naquit à Groningue en Hollande le 25 février 1733; en 1758, il fut nommé capitaine dans le corps franc de Mayr; la même année, major, et en 1760, chef du corps franc de Colignon. Le 4 juillet 1780, il devint général-major. Sa défense de Graudenz lui valut le grade de feld-maréchal, qu'il reçut le 22 juillet 1807. Il mourut à Graudenz le 23 juillet 1811.