<138>tion des deux armées impériales. La position des ennemis ainsi prise formait une espèce de ligne de circonvallation, qui entourait les deux tiers de l'armée prussienne. M. Loudon crut alors pouvoir impunément quitter ses montagnes. Il descendit dans la plaine, et déploya ses Autrichiens, en prenant de Cammerau, par Arnsdorf, jusqu'à Zirlau. Entre Cammerau et Arnsdorf, il fit travailler à un retranchement par lequel il se proposait de déboucher pour attaquer l'armée du Roi. Ce retranchement pouvait lui servir également pour l'offensive, et pour la défensive en cas de retraite. Cet ouvrage fut souvent interrompu par l'artillerie prussienne; cependant ces démonstrations parurent si sérieuses, qu'elles semblaient annoncer avec certitude la résolution que les ennemis avaient prise d'attaquer les troupes prussiennes au risque de tout ce qui pouvait en arriver. Le même jour, M. Loudon fit une tentative sur la tête du village de Jauernick. La résistance qu'il y trouva, surpassa de beaucoup l'idée qu'il en avait eue. Il fit sommer le major Favrat,a qui y commandait, de se rendre. Cet officier lui répondit sur le ton qu'on devait attendre d'un homme d'honneur, et M. de Loudon fut contraint de se désister de son entreprise. Comme tous ces préparatifs paraissaient si sérieux, et le moment d'une action, proche, on fit toutes les dispositions nécessaires pour une vigoureuse défense. On avait peu à craindre de jour, parce que le camp était d'une force infinie; mais il y avait beaucoup à appréhender de nuit, à cause de la grande proximité des armées. Il n'était d'ailleurs guère apparent qu'il arrivât du malheur aux Prussiens, à moins que M. de Loudon, favorisé des ténèbres et de l'obscurité, ne surprît une partie du camp où les troupes, ensevelies dans le sommeil,


a François-André de Favrat Jacquier de Bernay, né en Savoie le 14 septembre 1730, servit, au commencement de la guerre de sept ans, dans l'armée impériale. En 1758, il passa au service de la Prusse, et le 13 juin 1759, il devint capitaine dans le bataillon franc de Salenmon. L'exploit ici rapporté lui valut le grade de major. Le 11 février 1763, Favrat entra dans le régiment de Wunsch (depuis, Le Noble). Il était général de l'infanterie lorsqu'il mourut à Glatz, le 5 septembre 1804.