<18> Le Roi se mit le lendemain en marche. M. de Wedell eut ordre de joindre l'armée à Mullrose, ce qui lui était facile depuis que les Russes avaient quitté Crossen, et qu'il n'avait plus personne en tête. Les troupes du Roi prirent le chemin de Beeskow, d'où l'infanterie se rendit en droiture à Mullrose. Ce prince et sa cavalerie prirent par Neubrück, sur le canal qui communique de l'Oder à la Sprée. Il y trouva les ponts rompus, et, à l'autre bord, les dragons de Löwenstein, qui se préparaient à en disputer le passage. Ces obstacles n'étaient pas aussi considérables qu'ils le paraissaient. Ce canal est rempli de gués; la cavalerie prussienne les passa; elle fondit en même temps sur les dragons autrichiens postés dans ces bois, qui furent défaits et poussés jusqu'aux faubourgs de Francfort. De là le Roi rejoignit son infanterie à Mullrose, amenant trois cents prisonniers que l'on avait faits du régiment de Löwenstein. M. de Wedell y arriva le 4. M. de Finck, qui était demeuré aux environs de Torgau après le départ du prince Henri, inutile dans cette partie, et ne pouvant pas couvrir seul la Saxe avec les dix mille hommes qu'il commandait, reçut également ordre de joindre l'armée. Le Roi rassemblait le plus de forces qu'il pouvait, parce qu'il était obligé de se dépêcher. Il fallait battre les Russes le plus tôt qu'on pourrait en venir aux mains, pour accourir à temps à la défense de la Saxe, qui étant, aux places près, vide de troupes, laissait les chemins ouverts à l'armée de l'Empire pour pénétrer jusqu'à Berlin si elle le voulait. Afin donc d'être plus à portée d'attaquer les Russes, l'armée quitta les environs de Mullrose, et prit un camp entre Lebus et Wulkow. Elle tira ses subsistances de Cüstrin, et attendit l'arrivée de M. de Finck, qui vint le 10 dans ce camp. On fit les préparatifs nécessaires pour passer l'Oder entre Lebus et Cüstrin. On se pressa d'autant plus d'exécuter ce projet, que M. de Hadik venait d'occuper le camp de Müllrose, que les Prussiens avaient quitté. Ce général pouvait de là