<227> grande batterie devant eux. Leur dessein était d'attirer sur eux l'attention du prince de Bevern, pour qu'il ne s'aperçût pas de la manœuvre de M. de Beck, qui se glissait par les bois pour lui tomber à dos. M. O'Donnell avait débouché en même temps avec quarante-six escadrons du village de Peilau, pour couvrir le flanc gauche de M. de Lacy. La cavalerie de Lentulus, qui était du corps du prince de Bevern, et les hussards d'Owstien avaient déjà rejeté à trois reprises les cuirassiers impériaux dans ce village. Sur ces entrefaites arriva le prince de Würtemberg; il se forma incontinent sur le flanc de l'ennemi. M. O'Donnell n'avait aucune bonne position à prendre. S'il faisait front au prince de Bevern, il prêtait le flanc au prince de Würtemberg; et s'il faisait face au corps de ce prince, il donnait à M. Lentulus prise sur sa droite, et de plus il avait à dos le feu du canon du prince de Bevern. Dans cet embarras qui agitait M. O'Donnell et que ses cuirassiers ressentaient, il reçut une bordée de quinze pièces de six livres de l'artillerie légère, dont on avait formé une batterie à la hâte. Cela acheva de répandre la confusion parmi son monde. Le régiment de Werner, soutenu de celui de Czettritz, chargea en même temps cette cavalerie impériale, et après un choc vigoureux, il la rejeta au delà du village de Peilau. La fuite de cette cavalerie dégarnissait le flanc de M. de Lacy, qui craignit pour son infanterie, et se hâta de faire sa retraite. M. de Beck, qui s'était déjà engagé avec le prince de Bevern, quitta prise. La brigade de M. de Möllendorff arriva, mais trop tard, car l'ennemi se retirait déjà de tous côtés.

Cette affaire coûta quinze cents cavaliers aux Autrichiens; les Prussiens n'y perdirent que quatre cents hommes du régiment du margrave Henri,a qui se signala dans cette action, ayant lui seul fait


a Le margrave Henri de Brandebourg-Schwedt, nommé général-major le 22 juin 1740, fut, depuis 1741 jusqu'à sa mort, arrivée en 1788, chef du régiment d'infanterie no 42, dont il est ici question : mais il ne parut plus à l'armée depuis la bataille de Mollwitz. Le régiment eut dès lors des commandeurs, entre autres, le colonel Balthasar-Rodolphe de Schenckendorff, depuis 1753 jusqu'en 1760, et le colonel Henri-Werner de Kleist, depuis 1760 jusqu'en 1764.