<44> aux environs de Francfort-sur-le-Main, qui ne tenait à rien, qui lui avait été recommandé par la cour de Gotha, et qui par conséquent pouvait s'acquitter mieux de cet emploi qu'un autre, parce qu'il n'était point connu, et ne pouvait donner aucune espèce de soupçon en se produisant à Versailles. Ce jeune homme partit sans prendre de caractère; il fut adressé au bailli de Froulay, ambassadeur de l'ordre de Malte en France. M. d'Edelsheim fut assez bien accueilli à Paris; on lui marqua en termes vagues que sa négociation dépendrait de la façon plus ou moins prompte dont la France pourrait convenir de ses différends avec l'Angleterre; mais qu'ayant appris que le roi de Prusse se proposait d'indemniser le roi de Pologne aux dépens des biens des princes ecclésiastiques d'Allemagne, qu'il prétendait séculariser, on lui déclarait que le Roi Très-Chrétien n'y donnerait jamais son consentement. M. d'Edelsheim vint rapporter cette réponse au Roi, qui était alors à Freyberg, d'où il partit pour Londres, pour la communiquer aux ministres de la Grande-Bretagne. Précisément lorsque cet émissaire arriva à Londres, il y parut un autre phénomène politique, un homme qu'on n'a jamais pu déchiffrer. Il parut sous le nom de comte de Saint-Germain. Il avait été au service de France, et même si avant dans la faveur de Louis XV, qu'il voulut lui donner le château de Chambord. Cet homme joua le rôle de ministre, il se mêla de négocier sans mission, il tint en même temps des propos injurieux sur madame de Pompadour et sur le duc de Choiseul. Les Anglais le traitèrent en aventurier et le renvoyèrent. Soit que le ministère anglais se méfiât du sieur Saint-Germain, soit que ses conquêtes enflassent ses espérances, soit enfin qu'il ne fût pas content de la déclaration du ministère de Versailles touchant le congrès, il chargea le ministre de la Grande-Bretagne à la Haye, M. Yorke, de dire à M. d'Affry, ministre de France, que le roi de la Grande-Bretagne était prêt à faire la paix, qu'il donnait les mains à l'assemblée