<97>ception de M. Brentano, qu'on attaqua à Belgern, et qu'on prit en un sens, qu'il ne put se sauver que vers Strehla. M. de Kleist lui fit huit cents prisonniers. L'armée du Roi se campa de Schilda, par Probsthayn, à Langenreichenbach, et le maréchal Daun demeura immobile à Torgau. Il n'y avait plus à douter qu'il n'eût des ordres positifs de sa cour de soutenir à tout prix sa position. On fit les dispositions suivantes pour l'attaquer le lendemain. La droite des Impériaux s'appuyait derrière les étangs de Grosswig. Son centre couvrait la colline de Suptitz, sa gauche se terminait au delà de Zinna, en tirant vers les étangs de Torgau. Outre cela, M. de Ried observait l'armée prussienne, du bord de la forêt de Torgau. M. de Lacy, avec une réserve de vingt mille hommes, couvrait la chaussée et les étangs qui sont à l'extrémité de l'endroit où les Impériaux avaient appuyé leur gauche. Cependant le terrain où se trouvaient les ennemis, manquait de profondeur, et leurs lignes n'avaient pas trois cents pas d'intervalle. C'était l'article le plus favorable pour les Prussiens, parce qu'en attaquant ce centre de front et à dos, on mettait l'ennemi entre deux feux, et il fallait de nécessité qu'il fût battu. Pour amener les choses à ce but, le Roi partagea son armée en deux corps, dont l'un fut destiné à s'approcher de l'Elbe après avoir traversé la forêt de Torgau, pour attaquer l'ennemi à dos sur la hauteur de Suptitz, tandis que l'autre, en suivant la route d'Eilenbourg à Torgau, devait établir une batterie sur la colline de Grosswig, et attaquer le village de Suptitz en même temps. Ces deux corps, en agissant de concert, devaient nécessairement couper l'armée autrichienne par le centre; après quoi il aurait été facile d'en rouler les débris vers l'Elbe, où le terrain, allant toujours en s'abaissant par une pente douce, aurait donné beau jeu aux Prussiens, ce qui leur aurait procuré une victoire complète.

Le Roi se mit en marche le 3, dès la pointe du jour; il était suivi de trente bataillons et de cinquante escadrons de sa gauche. Les