<163>sique de l'univers, pour inspirer telle croyance qu'il lui plaît aux nations, et pour les rendre heureuses par des voies que lui fournit sa toute-puissance. Il n'y a que des esprits étroits et bornés qui osent attribuer à Dieu une conduite si indigne de sa providence adorable, en lui faisant entreprendre, par la voie des plus grands miracles, un ouvrage qui ne lui réussit pas. Ces mêmes hommes qui ont de l'Être suprême des idées si incohérentes, introduisent à chaque concile de nouveaux articles de foi; on les verra tous énoncés dans cet Abrégé chronologique, tiré de la grande Histoire de M. de Fleury, auteur non suspect. Le propre des ouvrages de Dieu est d'être stables; le propre de ceux des hommes est d'être assujettis aux vicissitudes. Quelle possibilité reste-t-il donc de croire divines des opinions qui s'établissent successivement, auxquelles on ajoute, qu'on diminue, et qui changent selon la volonté et l'intérêt des prêtres? Comment croire à l'infaillibilité de ceux qui se disent vicaires de Jésus-Christ, quand, par leurs mœurs, on les prendrait pour les vicaires de ces êtres malfaisants qui peuplent, dit-on, des gouffres de supplices et de ténèbres?

Nous voyons des papes s'excommunier; nous en voyons qui se rétractent; des conciles qui changent la doctrine des conciles précédents, sous le prétexte spécieux d'expliquer les dogmes. Il faut donc conclure que les uns ou les autres ont pu se tromper. De plus, pourquoi employer le fer, le feu et les persécutions pour convertir les nations, comme Charlemagne en usa en Germanie, comme firent les Espagnols après l'expulsion des Maures, et comme ils le pratiquèrent encore en Amérique? Ne vient-il pas dans l'esprit de chaque lecteur que si la religion est vraie, il suffit de son évidence pour convaincre, et que si elle est fausse, pour convertir il faut persécuter? Nous ne voulons pas même appuyer sur les miracles si fréquents dans les siècles d'ignorance, et si rares dans des temps plus éclairés. En un mot, l'histoire de l'Église nous présente l'ouvrage de la politique, de l'ambition et de l'intérêt des prêtres; au lieu d'y trouver le caractère de la Divi-