<200>des idoles, quand Charlemagne et, après lui, Henri l'Oiseleur entreprirent de convertir ces peuples : après bien des efforts inutiles, ils n'y réussirent qu'en noyant l'idolâtrie dans des torrents de sang humain, qu'ils versèrent.

ARTICLE SECOND. CONVERSION DES PEUPLES AU CHRISTIANISME ET DE L'ÉTAT DE LA RELIGION CATHOLIQUE DANS LE BRANDEBOURG.

La folie de tous les peuples est d'illustrer la noblesse de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion, par l'antiquité de leur origine. Les Allemands, non contents d'avoir dérobé leurs dieux aux Grecs, ont encore voulu passer pour aussi vieux chrétiens que les autres nations de l'Europe : ils ont trouvé dans saint Jérôme je ne sais quel passage qui dit, à ce que Staphoniusa et Schmidtius prétendent, que l'apôtre Thomas vint prêcher l'Évangile au nord de l'Allemagne; il n'y prêcha donc que l'incrédulité, car le peuple demeura païen bien longtemps après lui.

Quoi qu'on dise, il ne se trouve aucune trace du christianisme dans le Brandebourg que du temps de Charlemagne :37 cet empereur, après avoir remporté différentes victoires sur les Saxons et les Brandebourgeois, vint établir son camp à Wolmirstädt,38 auprès de Magdebourg, et il n'accorda la paix à ces provinces, qu'il avait subjuguées, qu'à condition qu'elles embrasseraient le christianisme. L'impuissance de résister à un ennemi aussi redoutable, et la crainte des menaces, conduisirent ces peuples au baptême, qui leur fut administré dans le camp de l'Empereur : mais la sécurité les ramena tous à l'idolâtrie, dès que l'Empereur se fut éloigné avec son armée de leur voisinage.


a L'Auteur veut dire Stapletonus. Thomas Stapletonus, Tres Thomae. Coloniae Agrippinae, 1612, in-8, p. 12. Heinrich Schmidt, Einleitung zur Brandenburgischen Kirchen-Historie. Berlin, 1740, in-4, p. 3.

37 Dans le VIIIe siècle.

38 Henri Meibomius.