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GEORGE-GUILLAUME.

George-Guillaume parvint à l'Électorat l'an 1619. Sa régence fut la plus malheureuse de toutes celles des princes de sa maison : ses États furent désolés pendant le cours de la guerre de trente ans, dont les traces funestes furent si profondes, qu'on en voit encore des marques au temps que j'écris cette histoire. Tous les fléaux de l'univers fondirent à la fois sur ce malheureux électorat : il voyait à sa tête un prince incapable de gouverner, qui avait choisi pour son ministre un traître à sa patrie;8 une guerre ou plutôt un bouleversement général, survint en même temps; il fut inondé par des armées amies et ennemies, également pillardes et barbares, qui se heurtant comme des vagues agitées par une tempête, tantôt le couvraient de leur nombre et tantôt se retiraient après l'avoir ruiné; et enfin, pour mettre le comble à la désolation, ce qui échappa de ses habitants au fer du soldat, périt par des maladies malignes et contagieuses.

La même fatalité qui persécuta cet électeur, parut s'acharner sur tous ses parents. George-Guillaume avait épousé la fille de Frédéric IV, électeur palatin; il était par conséquent beau-frère du malheureux Frédéric V, élu et couronné roi de Bohême, battu au Weissenberg, dépouillé du Palatinat et mis au ban de l'Empire par l'empereur Ferdinand II. Le duc de Jägerndorf, oncle


8 Le comte de Schwartzenberg, stadhouder de la Marche. [Ce jugement sévère porté sur Schwartzenberg, paraît emprunté à l'Enchaînure, qui d'un bout à l'autre parle de lui à peu près dans les mêmes termes; il y est même dit (p. 149) que le comte avait été manifestement un traître. Voltaire trouva trop de dureté dans ce jugement, que d'ailleurs aucun témoignage précis ne justifiait : et au sujet des préventions défavorables dont ce ministre continue d'être l'objet dans la suite de cette histoire, il témoigna des scrupules contre ce manque de preuves; mais le Roi n'en tint pas compte.]