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AU BARON DE PÖLLNITZ,a SUR SA CONVALESCENCE.b

Ah! vous voilà, mon vieux baron,
De retour des bords du Cocyte
Et du redoutable Achéron,
D'où le nocher du noir Pluton
Renvova votre ombre maudite,
En contrebande, au doux canton
Que votre serviteur habite.
Vous fîtes frissonner Caron;
Il craignit tout pour Proserpine,
Femme de réputation,
Qui n'aime point qu'on la badine.
Il sait que vous avez le don
De turlupiner du bon ton
Amis, parents, voisin, voisine.
Tout l'enfer était attentif,
Comme il apprit votre venue;
Tisiphone en fut éperdue,
Minos même en parut craintif.


a Voyez t. XI, p. 12.

b On trouvera plus loin une autre Épître au baron de Pöllnitz sur le même sujet, envoyée à Voltaire le 4 avril 1773, avec la nouvelle positive du rétablissement du vieux baron. La traduction allemande des Œuvres posthumes (Nouvelle édition. A Berlin, 1789) contient aussi, t. VII, p. 56-39, et p. 77-82, ces deux Épîtres au baron de Pöllnitz.