<75>Sur son front éclatant luit l'étoile du Nord,
La douce majesté s'annonce à son abord;
Elle est par la déesse en son temple reçue,
Ses décombres plaintifs ont attristé sa vue,
Mais c'est par son secours qu'on va les relever.
Ma sœur, c'est donc ainsi que vous osez prouver,
En dépit des fureurs et des cris de l'envie
Contre les cours des rois, et leur règne, et leur vie,
Qu'en nos jours la vertu peut trouver dans ces cours
Des cœurs assez parfaits, dignes de ses amours.
Allez, vils artisans de fraude et de mensonge,4
Répandre sur les rois tout le fiel qui vous ronge;
Vos efforts insensés sont désormais perdus,
Ulrique en prendra soin, on ne vous croira plus.
Par des traits trop frappants elle a su vous confondre,
Contre l'expérience il n'est rien à répondre.
Rentrez dans le néant dont vous êtes sortis,
Méprisés, détestés, confondus, avilis;
Le coup qui vous écrase est émané du trône.
C'est venger noblement les droits de la couronne,
Quand par l'aspect frappant de toutes les vertus
On atterre à ses pieds les monstres confondus.
Vous allez donc, ma sœur, sur les traces d'Hercule,
Par de nobles travaux vous rendre son émule,
Écraser sous vos pas les calomniateurs,
Du vulgaire égaré dissiper les erreurs,
Venger les opprimés, et montrer qu'une reine
Peut encor sur les cœurs régner en souveraine.
Qu'il est beau de donner d'aussi grandes leçons!
Ah! pour vous admirer, ma sœur, que de raisons!
Avez-vous vu nos cœurs voler sur le rivage,
Vous attendre à Stralsund, à votre heureux passage,
Les peuples vous bénir, nos vœux vous devancer?
Sans doute en ce moment vous avez dû penser :


4 L'auteur du Système de la nature, qui conseille le régicide; l'auteur des Préjugés, qui adopte les mêmes maximes. Ils appellent les cours les foyers de la corruption publique.