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ÉPITRE SUR LE TROP ET LE TROP PEU, A MADAME DE MORRIEN.a

O vous, qu'en mon printemps je connus sous le nom
De la folâtre Tourbillon!
Est-ce vous qui voulez, dans une cour polie,
Que les disciples d'Uranie,
Le compas à la main, du trop et du trop peu
Vous marquent le juste milieu?
Rappelez-vous ces temps où, sans philosophie,
Un tissu de plaisirs enchaînait votre vie,
Où, sans souci du lendemain,
Vous confiant aux soins de la naissante aurore,
Vous saviez qu'à chaque matin
Pour vous elle ferait éclore,
Avec les riches dons de Flore,
La foule des plaisirs naissants sous votre main.
Ah! trop aimable créature,
Que vous étiez, Morrien, gaie et sage autrefois,
Vous, qui teniez de la nature
L'inépuisable fonds d'une joie si pure


a La baronne de Morrien (Charlotte-Wilhelmine-Dorothée), fille de Ernest-Louis de Marwitz, seigneur de Zernikow, Grabow, etc., naquit à Berlin le 18 juillet 1705. Veuve de Ferdinand-Bernard-Didier baron de Morrien, décédé le 4 août 1760, elle devint en 1767 grande gouvernante de la princesse de Prusse, et mourut le 11 février 1775. Voyez les lettres de Frédéric à Jordan, du 29 avril 1742, et à Voltaire, du 17 février 1770.