<179>Leur fait trouver le point de certitude
Dans les erreurs de l'art conjectural.
De tous côtés entourés de naufrages,
Ils n'en seront ni prudents ni plus sages.
Tout conseiller, spirituel ou sot,
Dans ce grand jeu d'États et de provinces
Où le hasard règle le sort des princes,
Croit sûrement attraper le gros lot.
Ah! que j'ai vu de singuliers ministres!
Tels affectaient l'air empesé des cuistres,
Et raisonnaient en érudits pédants;
D'autres, plus fiers, copiaient les tyrans,
Et me glaçaient par leurs regards sinistres;
D'autres, rusés, rampaient en courtisans;
Et ces Atlas sur leurs faibles épaules
Croyaient porter notre globe aux deux pôles.
Le diriger, le gouverner au gré
De leur esprit aussi faux qu'égaré.
Mais vous, Choiseul, ministre petit-maître,
Ah! que j'ai ri en vous voyant paraître
Sur les tréteaux du théâtre public,
Si frétillant, si plein de pétulance,
Si tracassier (c'est bien là votre tic),
Au grand galop mener la pauvre France
De chez Plutus, du sein de l'opulence,
Par la misère aux bords de l'hôpital!
Vous m'amusez, j'aime assez vos parades;
J'en rirais plus, si vos arlequinades
Au genre humain ne causaient tant de mal.
Un je ne sais quel ascendant fatal
Vous fait ronger l'esprit d'inquiétude;
Projets nouveaux, plans entassés sur plans,
Et l'univers, dans vos oiseux moments,
Sert de jouet à votre turpitude.
Allons, encore un bon tour de Scapin,
Lazzi nouveau, brillant de gentillesse,
Une gambade, une scélératesse,