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IV. VERS SUR L'EXISTENCE DE DIEU, COMPOSÉS PAR FRÉDÉRIC QUELQUES ANNÉES AVANT SA MORT.

UNDE, UBI, QUO?a

Unde, ubi, quo? D'où viens-je? où suis-je? où vais-je?
Je n'en sais rien. Montaigne dit : Que sais-je?b
Et sur ce point tout docteur consulté
En peut bien dire autant sans vanité.
Mais, après tout, de quel endroit le saurai-je,
Moi, qui, d'hier dans l'univers jeté,
Ne suis rien moins qu'un être nécessaire?
Cet être existe, a toujours existé;
Il en faut un, soit esprit, soit matière,
Et ce point-là par nul n'est contesté.
Or, moi, chétif, et être très-limité,
Que tout étonne et convainc d'ignorance,
Malgré cela je sens, je veux, je pense,


a Voyez t. XII, p. 110.

b Essais, livre II, chap. 12. Frédéric prit dès 1738 ces mots pour devise. Voyez la lettre de Voltaire à Frédéric, du 20 mai 1738.