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XLIX. DIALOGUE DES MORTS ENTRE LE DUC DE CHOISEUL, LE COMTE DE STRUENSÉE ET SOCRATE.

Le duc de Choiseul peut être considéré comme civilement mort depuis son exil,a et le sieur Struenséeb peut être considéré de même comme déjà condamné à mort par la sentence qu'on portera contre lui. Rien n'empêche donc un auteur peu scrupuleux sur la chronologie de les traiter comme d'anciens morts, et de les faire trouver ensemble dans les lieux imaginaires où les ombres conversent et s'entretiennent selon la mythologie des païens, des chrétiens, des musulmans et de presque tous les peuples du monde.

Choiseul.

Non, quoi que vous puissiez me dire, rien ne me console de ne plus être à Versailles, de ne plus gouverner de royaume, de ne plus faire parler de moi. Qu'il est fâcheux d'être une ombre!

Socrate.

Pas plus que d'être autre chose. Quelle rage te possède de vouloir gouverner un peuple qui ne veut pas être gouverné par


a Le 24 décembre 1770.

b Emprisonné le 17 janvier 1772; exécuté le 28 avril de la même année. Voyez t. VI, p. 55-57,et ci-dessus, p. 235.