<245>narque, les intrigues auraient été vaines; vous seriez encore ministre ou plutôt roi, car celui qui a le pouvoir et qui agit est effectivement le maître, et celui qui le laisse faire est tout au plus l'esclave de l'autre.

Choiseul.

L'opium était superflu. La nature avait fait mon maître tel que vos remèdes ont rendu le vôtre.

Socrate.

Ton opium t'a bien servi, malheureux apostat d'Hippocrate! Tu as été emprisonné ni plus ni moins, et puni plus doucement que tu ne l'avais mérité.

Struensée.

C'était un coup de la fatalité, que l'on ne pouvait prévoir. Quelle catastrophe d'être déplacé, et encore par quelles gens!

Socrate.

Non, c'est une suite de la justice éternelle, afin que tous les crimes ne soient pas heureux, et qu'il y en ait quelques-uns de punis pour l'exemple des pervers.

Choiseul.

Je me flatte pourtant que vous plaignez ma disgrâce; car si j'avais continué mon règne, j'aurais étonné l'Europe par les grandes choses que mon génie aurait produites et exécutées.

Socrate.

Tu aurais continué à faire de brillantes sottises; si l'Europe avait des Petites-Maisons, on devait t'y loger. Et toi, Danois, les supplices d'Ixion et de Prométhée seraient encore trop doux pour punir ta noire ingratitude envers ton maître, et tous les attentats qu'une ambition effrénée t'a fait commettre.

Choiseul.

Voilà donc la gloire que j'attendais!