<27>L'État est ma prison, et mes chaînes sont d'or;
Le soupçon outrageant, animé d'humeur noire,
Prit plaisir à forger, guidé du faux rapport,
Un ambigu contradictoire
D'abaissement et de grandeurs.
Qui jugerait par l'apparence
Jugerait bien de ma puissance;
Mais on sait à quel point les dehors sont trompeurs.
Sevré depuis longtemps des vulgaires erreurs,
J'abandonnai la cour, embrassant la retraite;
Ce séjour écarté, simple et plein de douceurs,
Me tient lieu d'un asile honnête,
Pour me soustraire à la fureur
D'un orage effrayant conjuré sur ma tête.
Là, depuis deux hivers, éloigné de la cour,
A la science, aux arts j'ai pris mon seul recours;
De l'utile philosophie
J'approfondis les vérités;
De la brillante poésie
Au poids de la raison je pèse les beautés.
Dans un repos philosophique,
Loin des bruyantes passions
Qui s'arrogent sur nous un pouvoir tyrannique,
Et dont la violence unique
Nous fait enfin périr par les illusions,
Je goûtais l'innocence et la douceur rustique,
Quand soudain de nos actions
L'indiscrète dépositaire,
Qui va de bouche en bouche, agile courrière,
Publier tous les faits et remplir l'univers
Des destins glorieux et des fameux revers,
La Renommée enfin, des hommes tant prisée,
Des héros, des savants et des rois courtisée,
M'apprit, en s'envolant, et traversant les airs,
Aux fastes du Portique, aux fastes du Lycée,
Votre gloire éternisée;
Qu'Apollon adoptait et Voltaire, et ses vers,