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>XXIX. VERS FAITS AU NOM DU COMTE DE SCHWERIN POUR SA FIANCÉE, LA COMTESSE DE LOGAU.

I.

Quoi donc! vous demeurez tout court!
Avant d'entrer dans la carrière,
Vous employez mon savoir-faire
Pour ce bel objet que l'amour
Arrondit exprès pour vous plaire!
Je plains votre peu de vigueur,
Qui manque sitôt de ressource.
Ne craignez rien pour votre honneur;
Mon cœur, pour vous plein de ferveur,
Pour tous deux remplira la course.

II.

<121>Avec autant d'appas, de grâces, de beautés,
C'en est trop de l'esprit qui relève vos charmes;
Avec tant de génie et tant de qualités,
Les attraits sont pour vous des superfluités.
Les possédant tous deux, le héros des gendarmes,
Les dieux et les Amours, par vos charmes domptés,
Doivent, belle Logau, tous vous rendre les armes.

III.

Cléophile a dompté le grand cœur d'Alexandre,
Cléopâtre enchaîna Marc-Antoine et César;
Ils furent vaincus sans hasard,
Ces héros avaient le cœur tendre.
Près de votre triomphe, ô divine Logau!
Le leur ne vous paraît ni si grand, ni si beau.
Si la gloire est le prix d'un ouvrage pénible,
Cette gloire est à vous, vous y mettez le sceau
En fixant, en rendant flexible,
Par l'attrait d'un pouvoir nouveau,
Les écarts inconstants d'un amant insensible.