<102>occupé à présent à régler les préparatifs du siége. Notre gros canon est arrivé un peu tard, sans quoi la ville serait déjà à nous.

Adieu, cher Jordan. Ménage ton individu pour l'amour de ma monade, et sois persuadé que l'attraction de ton bon cœur opère toujours fortement sur moi en raison inverse du carré des distances. Dieu te bénisse!

54. DE M. JORDAN.

Breslau, 2 mai 1741.



Sire,

Que Votre Majesté est charitable! Elle ne me donne pas seulement de quoi vivre, mais elle a encore la bonté de fournir à mon âme une nourriture spirituelle. J'ai reçu les psaumes italiens sur les airs du mélodieux Lobwasser.

Si je prends plaisir à chanter,
Ce ne sont point les faits des anges;
Les dévots peuvent les fêter,
Jordan chantera vos louanges.

Le reste de mes pauvres poumons ne doit être consacré qu'à cela.

On dit, Sire, que vos ingénieurs font un feu d'enfer autour de Brieg, que l'on voyait hier ce feu de nos clochers, que le commandant ne s'est aperçu que fort tard qu'on travaillait au pied du mur de sa forteresse. Mais ce qui fait plaisir à toute la ville, c'est que, après la reddition de Brieg, on assure que l'armée de V. M. viendra camper vers les portes de Breslau.

A l'abri des cruels hussards
Et des surprises de la guerre,
Je verrai mon dieu tutélaire
Et ses glorieux étendards.

On les voit plus tranquillement quand on les voit sans crainte.

La Gazette flamande rapporte un fait bien particulier, que j'ai osé mettre en vers que voici.