<135>Vos adroites raisons, que vous jugez en butte
A de bien plus forts arguments,
S'échappent comme des serpents.

Ce sont les avantages que vous procure l'Académie, qui combat en cédant, et qui n'affirme rien.

Votre requête est très-jolie, mais peu acceptable, d'autant plus que je me flatte de vous voir ici, dans peu de jours, en toute sûreté, lorsque nous ferons le siége de Neisse, et que Neipperg aura décampé.

Mes compliments à Pöllnitz. Dites à Voltaire que s'il n'avait rien à faire à Bruxelles, il me ferait plaisir de venir en novembre ou décembre à Berlin. Marquez la même chose à Maupertuis.

Adieu, Jordane Tindaline.a Aime-moi toujours, et sois persuadé que ego sum totus tuus. Vale.

85. DE M. JORDAN.

Breslau, 18 septembre 1741.



Sire,

Ne vous plaignez pas de ce que le projet de Neisse n'a pas réussi. Tout le monde sait que ce n'est pas la faute de V. M.; l'action dont parle le public relève cette ombre du magnifique tableau de la guerre de Silésie.

Quoi! Votre illustre Majesté
Va de sang-froid, armée de courage,
Brûler un magasin tout rempli de fourrage,
Aux yeux de l'ennemi planté!

On s'est dit même à l'oreille que V. M. était légèrement blessée au bras; un homme a osé assurer qu'il l'avait vu en écharpe,


a Allusion au déiste anglais Tindal, qui était alors l'auteur favori de Jordan. Voyez ci-dessous, p. 166. Voyez aussi la lettre de Voltaire à Frédéric, du 3 août 1741, et la réponse de celui-ci, du 24.