<179>Puisque c'est là que l'on voit tour à tour
Les passions jouer toutes leurs rôles,
Qu'on sacrifie à la haine, à l'amour,
Que la raison n'y vaut pas deux oboles.

J'ai cru ne pouvoir mieux faire qu'en engageant le marquis d'Argens à composer lui-même une relation de tout ce qui s'est passé, pour divertir V. M.; personne ne le peut mieux que lui.

J'ai l'honneur, etc.

118. A M. JORDAN.

Leutomischl, 15 avril 1742.

Ton Pégase fécond en rimes redoublées
Laisse arrière de toi mes Muses essoufflées;
En vain d'un feu divin me croirai-je animé;
Que tes vers me font voir que j'ai trop présumé!
Ébloui par l'éclat de ta vive lumière,
Je m'arrête, tremblant, tout court dans ma carrière;
Et, voyant à quel point ton vol t'a su porter,
Je ne puis que t'aimer, te lire et t'admirer.

Ce sont les sentiments que divus Jordanus Tindaliorum a su m'inspirer par ses deux spirituelles lettres, où il a mis, sans exagération, autant d'esprit qu'il m'en faudrait pour tout un mois dans ma dépense ordinaire. Vous avez le diable au corps avec vos vers, et vous en ferez si bien, que je n'en ferai plus.

On dit qu'à Rome un architecte ignare,
Voyant ce temple où l'orgueil de la tiare
Sut étaler son faste et sa grandeur,
Où l'art surtout paraît en sa splendeur,
Surpris, frappé de ce bel édifice,
Dès ce moment abjura son office,
A l'admirer bornant tout son bonheur.

Je vous laisse faire l'application de ces vers, dont la comparaison cadre si bien avec vos vers et le cas que j'en fais.